Pourquoi on ne leur ferait pas confiance ?

Samedi 4 février 2017, les animateurs jeunesse des Deux-Sèvres étaient à Mauléon. Ils étaient invités par Florian et Louis, pour une visite des foyers de jeunes. Nous les avons accompagné. Il y a été notamment question de l’autonomie des jeunes et de la façon dont ils organisent leur temps libre. Petit retour d’expérience.

Un contexte

Depuis plus de 50 ans, les 10 communes du Mauléonais mettent des locaux à la disposition des jeunes : les foyers. Ils sont gérés par des associations composées de parents et de jeunes. Associations plus ou moins dynamiques selon les communes. Les foyers vivent au gré de l’implication des familles.

Le centre socioculturel du Pays Mauléonais travaille avec le public "jeunes" depuis 1992. Quand, en 2007, la loi permet à un seul animateur d’être référent de plusieurs lieux d’accueil, le CSC saisit l’opportunité : le secteur jeune va pouvoir s’appuyer sur les foyers déjà existants et y développer des projets, sur des plages horaires spécifiques. Depuis, dans les 10 foyers du Pays Mauléonais, le CSC accompagne les projets de jeunes. En dehors des temps de présence de l’animateur, les jeunes s’organisent de façon autonome. Les animateurs font un travail conséquent sur leur prise d’autonomie.

Un projet associatif et un projet éducatif

Dans son projet associatif, le centre socioculturel du Mauléonais met en avant le lien et la proximité. Un accueil de jeunes dans chaque commune et un accompagnement par les 2 référents du secteur s’inscrivent dans cet axe.
L’autonomie est par ailleurs très fortement inscrite dans le projet éducatif. Les animateurs mettent en place les conditions pour qu’elle soit possible et que le bien être et la sécurité des jeunes soient assurés.
Le projet pédagogique, c’est à dire les modalités de mise en œuvre de l’intention éducative, est en partie réfléchi et écrit avec les parents. Leur implication dépend de leurs envies, de leurs préoccupations.

Les conditions de l’autonomie

Comme dans n’importe quel lieu qui accueille du public, les foyers de jeunes ont un règlement intérieur. Celui-ci donne un cadre et permet aux usagers de savoir comment fonctionnent l’espace et le groupe qui le fréquente. "Chaque foyer de jeunes écrit son propre règlement. Chacun à son propre fonctionnement. Ce sont les jeunes et les parents qui définissent comment ils veulent que fonctionne leur lieu. Les horaires d’ouverture, le ménage ou la gestion des clés. Ça, c’est pour l’intendance. Pour des sujets plus particuliers tels quel l’accueil d’une nouvelle personne, la façon de s’approprier le lieu ou les activités que le groupe veut mettre en place, c’est plus subtile. L’animateur est là pour "entendre, comprendre et soutenir son action en lui évitant les échecs à cause de problèmes techniques. [1] A chaque rentrée scolaire, Florian et Louis demandent aux adolescents ce dont ils ont envie et ils s’efforcent de mettre en place les conditions de réussite. La première étape est en principe l’appropriation matérielle de l’espace. "Ils repeignent, font un graff ou achètent du nouveau matériel. Ils le mettent à leur image et le rendent confortable. Ils doivent s’y sentir bien, explique Florian."

Quand les foyers sont ouverts, les adultes, qu’il s’agisse des parents ou des animateurs du CSC, sont là pour rassurer les jeunes, pour passer en cas de besoin, ou juste pour dire bonjour. "Dans les lieux ouverts récemment, les parents passent plus souvent, plus longtemps. Pour discuter, faire un jeu ou juste pour dire bonjour. indique Florian".

La posture des animateurs

A Mauléon, l’histoire et le contexte sont des facteurs essentiels et permettent de travailler confortablement sur l’autonomie des adolescents. Les maires des 10 communes reconnaissent les animateurs comme des référents jeunesse et leur font confiance. "Nous avons carte blanche, confie Florian. Pourquoi on ne ferait pas confiance aux jeunes ? "

Au delà d’un contexte favorable, on notera une manière de travailler et d’envisager les missions d’un animateur. Il est sûrement moins confortable de partir des envies des jeunes, de ne pas proposer à tout prix quelque chose. Pendant leur temps libre, les 14/16 ans n’ont pas toujours envie de faire quelque chose. A Mauléon, les animateurs sont à l’écoute et font confiance aux adolescents. "Notre rôle n’est pas seulement de proposer des sorties à la patinoire ou au lasergame. Si nous voulons être reconnus par nos partenaires, par les parents et surtout par les jeunes, on doit être capable de se saisir de leurs idées, même les plus farfelues ou les plus petites." L’idée permet de se mettre en mouvement, de prendre des initiatives, c’est un support pour agir.

Les foyers de jeunes sont des lieux parfaitement adaptés à la prise d’autonomie des jeunes qui ont entre 14 et 16 ans. Ils peuvent y élaborer leurs premiers projets. Ce fonctionnement est un tremplin pour des projets plus ambitieux, explique Florian.

Projet d’un espace jeunesse à Mauléon

Tous cela a conduit le CSC à réfléchir sur un projet d’espace jeunesse qui serait ouvert aux jeunes de 12 à 30 ans, qui passent à Mauléon, qui y sont en formation, en apprentissage, en stage ou encore, qui y reviennent le week-end et pendant les vacances.

Il s’agit d’un espace d’accueil, d’information et d’un espace de projets. Ce qu’on y trouve est construit avec les jeunes. Pour illustrer, aujourd’hui on évoque par exemple unfab lab.

Les missions de l’animateur sont celles décrites plus haut auxquelles on ajoutera
L’accueil et l’écoute propre à un espace ouvert. La mise en place d’animations ciblées sur les thématiques dans lesquelles les jeunes souhaitent s’impliquer. La mise en place d’actions concertées avec le lycée professionnel, la maison familiale, la mission locale, la résidence habitat jeunes, la maison des adolescents et d’autres acteurs de la jeunesse dans le bocage.

(1) Enfants à la colo, Courcelles, une pédagogie de la liberté,INJEP, Cahier de l’action n°15


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