Créer de la soudure

La Fédération des Centres Socioculturels des Deux-Sèvres organisait une journée sur l’isolement le 18 avril 2015. C’est Alain Mergier qui a animé la rencontre.

Il est sociologue spécialiste des solitudes. Il est revenu sur ce qu’était la solitude et sur la manière dont les Centres Socioculturels pourraient être ressources pour lutter contre ce qu’il qualifie de "maladie sociale".

Il faut bien distinguer isolement et solitude. Quand on parle d’isolement, on parle d’une situation physique. Une personne peut être isolée parce qu’elle vit dans un hameau très reculé des Deux-Sèvres ou dans un endroit où il est difficile d’accéder.

La solitude, celle que l’on ne choisit pas, est une souffrance. C’est un processus, une dégradation progressive mais profonde du lien social. Si l’on veut agir dessus, il faut bien comprendre la manière dont elle se met en route. Plus on agit tôt, plus le processus est réversible. Il s’agit donc de capter les premiers signes pour pouvoir les freiner. Pour faire simple, "plus on créé de la soudure en amont, mieux c’est !" explique Alain Mergier.

Comme nous l’avons vu ici, il existe 5 registres de relations :
la famille : le conjoint, les parents, les enfants, la famille plus éloignée
le travail : les collègues, les partenaires
les amis : amis d’enfance, proches, confidents
le réseau de proximité : boulangers, voisins, épiciers
le réseau affinitaire : club de sport, pratique artistique
ces 5 registres sont complémentaires les uns des autres. Ils ont chacun des fonctions différentes. On n’en attend pas les mêmes choses.

La solidité de ces réseaux repose à la fois sur la quantité de personnes qui le constituent et la qualité des relations entretenues.

Le processus de solitude se met en marche lorsqu’un évènement met à mal l’un de ces réseaux. Alain Mergier parle de rupture biographique.

Les raisons de ce basculement sont diverses et peuvent être propres à chacun. Il existe cependant des facteurs bien identifiés qui fragilisent :
- une séparation, un divorce.
- la perte d’un emploi et le chômage de longue durée

Ce processus de dégradation progressive du lien social amène la personne à penser qu’elle ne peut plus compter sur les autres. Puis, elle ira jusqu’à penser qu’elle n’apporte plus rien aux autres, qu’elle n’est plus utile.

C’est alors la perte de confiance en soi. On n’a plus les moyens ni l’énergie pour entrer en contact avec les autres. Les réseaux s’étiolent petits à petits. Le lien social se dégrade.

Bien sûr, une présence bienveillante, une attention, sont importantes. Cependant, soyons vigilants, il faut laisser à la personne la possibilité de se mettre en position d’agir. Faisons en sorte de contribuer à la création d’espaces favorables à la création de relations et d’espaces qui permettent à la personne de se sentir bien, au point de reprendre le contrôle de ce qui est important pour elle.

Mettre la personne dans la position d’apporter aux autres peut inverser le processus. Cela ne renvoit-il pas encore à la notion du développement du pouvoir d’agir ?

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